Digitalisation : quels sont les défis opérationnels du secteur de l’industrie ?

Le secteur industriel français est confronté à des défis sans précédent en matière de connectivité et de sécurité. Les organisations doivent moderniser et sécuriser l'environnement des systèmes de contrôle industriels (ICS) et des technologies opérationnelles (OT) pour répondre à des exigences techniques, opérationnelles, économiques, réglementaires et environnementales.

Maximiser la disponibilité pour minimiser les pertes d’activité et réduire les coûts

Une étude menée par le SANS Institute a montré que 53,6 % des organisations s'inquiètent de l'assurance de la fiabilité et de la disponibilité des systèmes de contrôle. Dans un environnement industriel, de nombreuses machines et de nombreux appareils doivent communiquer entre eux en temps réel. C'est ce qu'on appelle "l'internet industriel des objets" ou "IIoT". Les unités de contrôle et les capteurs installés dans les installations et les machines ainsi que le long des chaînes logistiques bénéficient d'un transfert de données en temps réel rapide et fiable. En cas d’interférences et de coupures du réseau en place (ex : Wi-Fi), la chaine de fabrication ou logistique peut être interrompue et nécessiter des interventions humaines donnant lieu à des pertes de productivité et à une augmentation des coûts.

Les entreprises doivent mettre en place et exploiter des réseaux locaux privés professionnels sans fil (ou des réseaux locaux industriels (RLI)) pour connecter un ensemble de systèmes (ICS) tels que des capteurs, des actionneurs et des contrôleurs de processus répondant à plusieurs exigences particulières : communications critiques en temps réel nécessitant une latence extrêmement faible, et une très haute fiabilité.

Assurer la sûreté de fonctionnement et protéger les données

Le SANS Institute a également constaté que 39,9 % des organisations sont préoccupées par la réduction des risques et l'amélioration de la sécurité. Les incidents de cybersécurité (ciblés ou non) peuvent avoir un impact direct sur la vie des personnes et sur l'environnement. Les ICS/OT n'ont pas les mêmes priorités, missions, surfaces d'attaque, ou systèmes que ceux de la sécurité informatique traditionnelle. Dans de nombreux secteurs de l'ingénierie, la culture de la sûreté de fonctionnement donne la priorité à la sécurité des travailleurs et des personnes, se préoccupe de l'intégrité des commandes du système de contrôle, exige la disponibilité des systèmes et la confidentialité à l'intérieur du réseau ICS. Cela peut toutefois varier dans certains secteurs ICS. Les entreprises doivent donc être conscientes de ces risques et prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs systèmes.

Au-delà des risques sur la vie des personnes, les cyberattaques peuvent avoir des impacts financier, réglementaire, et de réputation. Une interruption de la chaine de production, des pénalités financières ou encore une perte d'agrément AOP peuvent avoir un impact considérable sur les résultats financiers de l'entreprise.

Les fuites de secrets industriels, de données commerciales ou personnelles, l'effacement de données, la défiguration du site web, la modification de recette ou de processus ou encore des problèmes de qualité peuvent également affecter la pérennité d'une entreprise.

« L’accélération de la numérisation des process industriels produit de plus en plus de données. Leur contrôle et leur stockage au niveau européen est un enjeu essentiel. Il faut concevoir des clouds industriels spécifiques extrêmement sécurisés, différents des clouds de stockage des données personnels. Le déploiement rapide de la 5G est évidemment indispensable. » a déclaré Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur lors d’une journée consacrée à la réindustrialisation de la France organisée par le Cercle des économistes, avec Ouest-France et Radio France.

 

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Faire face à la crise énergétique et produire de manière plus durable

La transition énergétique et la réduction des émissions de CO2 sont des enjeux majeurs pour les entreprises opérant dans le secteur de l'industrie. La hausse du prix de l’énergie, la pression des réglementations environnementales, la prise de conscience croissante des consommateurs et les préoccupations concernant la durabilité amènent les entreprises à prendre des mesures concrètes pour transformer leur modèle. Les entreprises qui réussiront à réduire leurs émissions de CO2 et à adopter des pratiques durables bénéficieront d'une plus grande efficacité énergétique, de limiter l’envolée des coûts d'exploitation dus à la hausse du prix de l’énergie, mais aussi de se conformer aux réglementations environnementales en constante évolution. Pour les entreprises de l'industrie, la transition vers des pratiques plus durables représente donc une opportunité importante de rester compétitives dans un contexte de concurrence internationale intense et de se positionner comme des leaders dans leur domaine.

Être conforme à la règlementation

Respecter la règlementation est également un enjeu important pour les entreprises, (22.9% selon l’étude du SANS Institute).

Le secteur industriel est soumis à de nombreuses contraintes règlementaires visant à assurer la sécurité des travailleurs, la protection de l'environnement, la qualité des produits fabriqués, mais aussi la sécurité informatique.

Concernant la cybersécurité, la directive NIS 2 est entrée en vigueur le 17 janvier 2023 et a élargi considérablement les secteurs soumis à des obligations strictes en matière de sécurité informatique. En effet, aux côtés des domaines traditionnellement réglementés tels que l'énergie, les transports et les banques, d'autres secteurs tels que le spatial, la gestion des déchets, la recherche, la chimie, l’agroalmientaire et la pharmacie, les prestataires IT ont été ajoutés à la liste des secteurs jugés prioritaires.

Une distinction sera faite entre les entités essentielles et les entités importantes. Les entités essentielles sont celles dont la sécurité est critique pour le fonctionnement de la société, tandis que les entités importantes sont celles dont l'impact en cas d'incident de sécurité pourrait avoir des conséquences importantes pour la société. Cette stratégie vise également à prendre en compte les sous-traitants, qui sont souvent considérés comme le maillon le plus faible de la chaîne de valeur.